J’avais promis que j’en parlerais : comme tout le monde (ou pas), j’ai regardé les vidéos diffusées par Google sur Chrome OS et je me suis fait ma petite idée.
La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que même Benjamin Bayart était probablement loin d’imaginer combien il était proche de la vérité lorsqu’il parlait de Minitel 2.0. Le principe de Chrome OS, c’est le retour aux clients légers, aux terminaux. Toute l’information est dans les nuages, rien sur votre machine. Il ne supporte même pas les disques durs au profit de la mémoire Flash !
Du point de vue technique, l’interface emprunte de très bonnes idées aux gestionnaires de fenêtres minimalistes : applications en plein écran, panneaux qui se superposent aux fenêtres à une position fixe… Tout le travail effectué pour démarrer plus vite est aussi intéressant et se rapproche de ce que font certains utilisateurs d’Arch Linux amateurs d’optimisation et de bootcharts.
Le problème, comme toujours avec Google, n’est pas vraiment la technique. C’est le vrai but de l’opération qui est difficile à deviner. Chrome OS est open source, ce qui est très bien, mais qui ira lire les sources, les comprendre ? Qui saura influer sur l’évolution du système ? Qui utilisera d’autres serveurs que ceux de Google pour stocker ses données ?
Et même si le système client est open source, je le vois un peu comme un piège qui va influer lentement sur la mentalité du public et lui faire considérer comme normal de ne pas avoir le contrôle de ses données. Google sait bien que dicter leurs habitudes aux gens est une stratégie efficace, c’est ce qui fait que les tortues asthmatiques que sont Internet Explorer et Outlook dominent encore largement leurs marchés respectifs. Chrome OS, c’est une drogue dont la première dose est gratuite et ne fait aucun mal, mais ensuite ?
Heureusement, il y a de l’espoir : je pense que Google s’est laissé emporter par son élan et que Chrome OS est bien trop en avance sur son temps. Pourquoi ? Il cible principalement le marché des netbooks. Or, les gens achètent des netbooks entre autres parce qu’ils sont faciles à utiliser dans les transports en commun. Et vous êtes pratiquement certain de ne pas trouver de wifi gratuit dans un train, encore moins dans un avion. Votre netbook sous Chrome OS devient donc soudainement inutile : vous ne pouvez pas regarder votre film préféré parce qu’il est resté là-haut dans les nuages, et vous ne pouvez pas travailler sur votre rapport parce que Google Docs n’est pas accessible.
Bref, nous voilà encore une fois sauvés de l’horrible Big Brother du 21e siècle. Oh, et sinon, je viens de commencer à utiliser ce formidable outil qu’est Wave ! ;)